Une femme, enroulée dans un plaid, porte son regard par delà une fenêtre tandis que la lumière blanche entre dans la pièce. À quoi pense cette femme, dans ce moment intemporel ? Et vous, à quoi pensez-vous lorsque vous ouvrez vos rideaux le matin ?
Les photographies de Cécile Rouin, photographe d’origine bordelaise, s’inscrivent dans des scènes intimistes, épurées, invitant à l’introspection.
« Ce qui m’intéresse, c’est le rapport entre l’espace et le corps. Mon travail est de trouver un équilibre entre les deux. Mes projets sont assez personnels, je questionne en permanence mes émotions : comment est-ce que je me sens dans tel ou tel environnement ? Si je m’y sens bien, j’aurais envie de performer. »
« Justement, ce sont des disciplines qui m’inspirent beaucoup, comme la danse, avec les chorégraphes Pina Bausch, Willy Dorner, Maguy Marin. Je m’inspire aussi du cinéma, ainsi que du théâtre, en particulier le théâtre de l’absurde. Mes photographies racontent toujours quelque chose, mais ce n’est qu’un fragment d’histoire. Il me parait important de laisser la liberté aux gens de fabriquer la leur à partir de l’image. »
« Le confinement me parait intéressant car les contraintes m’obligent à créer une atmosphère dans un espace par défaut. L’absence d’alternative change le regard sur les choses, on apprend a voir de la beauté partout y compris dans la banalité. Je vois le confinement comme une prise de risque puisqu’il me permet d’explorer un terrain dont je ne me serais pas forcément inspirée en d’autres circonstances. J’expérimente les variations de lumière selon les heures de la journée afin de mélanger les différents moments du confinement. Ça me permet aussi d’extérioriser. Pour l’instant, je travaille sur des autoportraits, mais je réfléchis à, peut-être, inclure les personnes avec qui je vis le confinement. »
« En réalité, je me sers de ce que j’ai immédiatement sous la main : moi-même. C’est drôlement pratique ! Quand je passe de l’autre côté, je suis juste un corps qui aide à la photo, il n’y a plus de sentiments en jeu. Dans son livre «La chambre claire», Roland Barthes exprime très bien ce ressenti : »
« Dès que je me sens regardé par l’objectif, tout change : je me constitue en train de poser, je me fabrique instantanément un autre corps, je me métamorphose à l’avance en image. »
« Récupérer ma vie nomade en van dès que possible et explorer de nouveaux lieux à photographier ! »
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Texte : Sara Diquelou / Photographies : Cécile Rouin